L’EFSA vient de publier son rapport annuel sur les résidus de pesticides présents dans les aliments. Que peut-on en déduire ? Quelle est la place du BIO par rapport aux aliments conventionnels ? Analyse…
Un bilan des niveaux de résidus de pesticides à grande échelle
Le cadre légal européen définit des limites maximales de résidus (LMR) pour plus de 500 pesticides.
Les États membres de l’UE (ainsi que la Norvège et l’Islande) effectuent régulièrement des contrôles nationaux pour veiller au respect de ces normes et à la conformité des aliments mis sur le marché. Aux données issues de ces contrôles s’ajoutent celles issues d’un programme de contrôle coordonné par l’UE (EUCP), portant sur une liste commune de produits de grande consommation.
L’EFSA compile chaque année l’ensemble de ces résultats dans un rapport annuel, afin d’évaluer le niveau d’exposition des consommateurs. Mais la consolidation et la compilation des résultats prend du temps. C’est la raison pour laquelle les résultats publiés cette année portent sur les analyses effectuées en 2019.
À NOTER
Les résidus de pesticides correspondent à des quantités mesurables de produits chimiques (substances actives, métabolites ou produits de dégradation) retrouvées dans les aliments. Il peut s’agir :
Au total, pour l’année 2019, 96 302 échantillons ont été passés au crible et 96,1% étaient conformes aux seuils autorisés.
Lorsque des niveaux de résidus de pesticides dépassant les limites légales sont observés à plusieurs reprises dans des échantillons aléatoires, les États membres sont encouragés à enquêter sur les raisons de leur présence et/ou de leur utilisation et à prendre des mesures correctives, le cas échéant.
Un programme de contrôle coordonné par l’UE
En 2019, 12 catégories de produits alimentaires étaient concernées par le programme coordonné par l’UE :
Au sein de ce sous-ensemble regroupant 12 579 échantillons, 98% se situaient en dessous des limites légales :
Dans ce rapport sur les résidus de pesticides, l’EFSA conclut à une absence de risque pour la santé des consommateurs, mais formule toutefois des recommandations visant à optimiser les systèmes de contrôle pour continuer à garantir la protection des consommateurs. Chaque année, les conclusions du rapport de l’EFSA sont utilisées par la Commission européenne et les États membres afin de définir les priorités en matière de contrôle des denrées alimentaires.
Qu’en est-il des résidus de pesticides dans les produits BIO ?
6 048 produits BIO ont été analysés en 2019 dans le cadre de ce programme de surveillance :
Comparés aux résultats des produits issus de l’agriculture conventionnelle, ces chiffres pour les produits BIO sont nettement meilleurs : on retrouve beaucoup moins de résidus de pesticides dans les produits issus de l’agriculture biologique. Cette observation, qui correspond évidemment aux résultats attendus, confirme tout l’intérêt de la certification BIO.
Les résidus de pesticides parfois retrouvés dans les produits BIO ne résultent pas forcément de pratiques agriculturales non-conformes, mais sont liés dans bien des cas à une pollution de l’environnement par des produits phytosanitaires volatiles et/ou persistants utilisés sur des parcelles voisines en agriculture conventionnelle ou utilisés par le passé.
Un produit contenant des résidus de pesticides à une concentration supérieure aux LMR sera déclaré impropre à la consommation, qu’il soit BIO ou non. En revanche, les organismes certificateurs BIO appliquent des seuils de tolérance beaucoup plus stricts que les LMR sur les produits BIO. Ainsi, un produit BIO présentant des résidus de pesticides inférieurs aux LMR est tout de même susceptible d’être déclassé en conventionnel si l’enquête révèle une inconformité dans les pratiques de production du produit.
Ces seuils de tolérance stricts, spécifiques au BIO, ne sont cependant pas harmonisés à l’échelle européenne. En France, les différents organismes certificateurs harmonisent normalement leurs règles de traitement des cas de résidus. Cependant, il est clair qu’un certificat BIO français n’offre pas les mêmes garanties qu’un certificat étranger…
Bonne nouvelle toutefois, à partir du 1er janvier 2022, le nouveau règlement BIO européen entrera en vigueur (Règlement (UE) 2018/848). Ce nouveau texte contribuera à harmoniser les règles à l’échelle européenne en stipulant qu’une tolérance zéro devra désormais être appliquée par tous les organismes certificateurs européen. Autrement dit, la moindre détection d’un résidu de pesticide devra faire l’objet d’une enquête approfondie par l’organisme certificateur.
À NOTER
Ce nouveau règlement BIO européen devait entrer en vigueur le 1er janvier 2021, mais la date d’application a été repoussée d’un an en raison de la crise sanitaire Covid-19.
Cependant, compte tenu du délai habituel de traitement et de publication des données pour les enquêtes de grande envergure, il faudra probablement attendre encore au moins 2024 pour examiner les premiers résultats de ces nouvelles mesures et conclure sur leur efficacité ou non pour réduire encore les résidus de pesticides dans les produits BIO.
Approche Nutrixeal
Au-delà de ces considérations réglementaires, le laboratoire Nutrixeal contrôle régulièrement les résidus de pesticides dans ses produits BIO et conventionnels, afin de garantir la qualité des produits. Ces contrôles sont réalisés par des laboratoires externes, indépendants, accrédités Cofrac.
Nutrixeal réalise également, via des laboratoires indépendants agréés, des contrôles sur les autres types de contaminants (HAP, métaux lourds, oxyde d’éthylène, etc.).