« Mangez cinq fruits et légumes par jour » Qui n’a jamais entendu ce slogan phare, omniprésent depuis la campagne de prophylaxie lancée par le Programme National Nutrition Santé (PNNS) en 2007?
Mais pourquoi nous recommander de manger autant de fruits et légumes ? Ils sont riches en vitamines, en minéraux et en fibres ; Ils préviennent les risques d’obésité chez les jeunes. C’est évident… Mais au-delà des minéraux, des vitamines et des fibres, le monde végétal est également une source inégalable en molécules naturelles d’intérêt physiologique et même thérapeutique.
Parmi ces molécules, celles qui sont les plus connues du grand public font partie de la grande famille des POLYPHÉNOLS.
Principalement mis en avant pour leur fort pouvoir antioxydant, les polyphénols permettraient de lutter contre la formation de radicaux libres en excès dans notre organisme. Par ce mécanisme, et par d’autres voies métaboliques, ils contribueraient ainsi à protéger notre organisme vis-à-vis de nombreuses pathologies (maladies cardio-vasculaires, inflammations, cancers, infections virales…).
Mais si le terme « polyphénols » est maintenant bien connu du grand public, la plupart d’entre nous n’a aucune idée de ce qui permet d’en caractériser les principales familles ! Flavonoïdes, curcuminoïdes, tanins… il est effectivement facile de se perdre parmi tous ces noms compliqués et mystérieux.
Nous vous invitons donc à découvrir dans ce dossier comment identifier et catégoriser les polyphénols, à en identifier les sources alimentaires, les mécanismes d’assimilation, les facteurs de biodisponibilité…
Cette introduction au monde des polyphénols ne prétend pas faire de vous un biochimiste expert sur ce sujet techniquement pointu ! Nous nous excusons d’ailleurs par avance, si certaines explications vous paraissent excessivement techniques… Nous ne pouvions pas faire l’économie de quelques notions de chimie, essentielles pour la bonne compréhension du sujet !
Après la lecture de ce dossier, vous devriez avoir les idées claires sur le grand intérêt nutritionnel des polyphénols du monde végétal, dans notre alimentation quotidienne, ainsi que dans les suppléments nutraceutiques, qui offrent une source de polyphénols particulièrement concentrée et parfois très utile pour obtenir la quintessence des bénéfices santé de ces molécules naturelles aux multiples facettes.
Première question essentielle… où trouve-t-on les polyphénols ?
Tout simplement dans l’alimentation.
Pourvus d’une richesse exceptionnelle en ces puissants antioxydants, les aliments de type végétaux – légumes, fruits, baies et fruits oléagineux – thé vert, vin et cacao sont effectivement les principales sources nutritives en polyphénols.
Répertoriés dans la famille des phytonutriments, les polyphénols sont des composés exclusifs du monde végétal. Très abondants au cœur des fruits et légumes, ils ont été très étudiés ces dernières années ce qui a permis de mettre à jour les valeurs nutritionnelles en polyphénols de nombreux aliments. Quelques exemples d’aliments riches en polyphénols sont présentés dans le tableau ci-dessous (teneur totale en polyphénols et composition relative de chaque classe de composés polyphénoliques).
Valeur nutritionnelle en polyphénols des aliments les plus riches en polyphénols. Pour chaque nutriment, les valeurs apportent une information sur la quantité moyenne pour 100 g net d’aliment. Les données sont issues de la base Phenol-Explorer 3.6. * Exprimés en mg / 100 g de poids net.
Pour connaître la composition nutritionnelle moyenne (vitamines, minéraux, antioxydants…) des aliments courants, nous vous conseillons deux bases très complètes et bien documentées :
BON À SAVOIR
Qu’est-ce qu’un macronutriment ? Un micronutriment ? Et un phytonutriment ?
Les macronutriments, dits éléments énergétiques, constituent 98% de notre alimentation. Ressource énergétique essentielle au bon fonctionnement de l’organisme, ils regroupent les protéines, les lipides et les glucides.
Les micronutriments, dits nutriments biochimiques, sont des composés présents en faible quantité dans notre alimentation (consommation journalière inférieure à 1 g) mais qui sont néanmoins indispensables au fonctionnement de notre organisme. Vitamines, minéraux et oligoéléments constituent cette classe de nutriments.
Les phytonutriments, exclusifs du monde végétal, sont définis comme des composés non essentiels pour les processus de croissance et de développement, mais qui, en préservant les fonctions de l’organisme tout au long de la vie, permettraient de vieillir en bonne santé plus longtemps. Dans le groupe des phytonutriments, on trouve les polyphénols et les caroténoïdes – qui sont les deux classes principales – mais également les phytostérols, les saponines et les phyto–œstrogènes.
Quelle est notre consommation journalière en polyphénols ?
Une étude épidémiologique a suivi une cohorte française – 4942 hommes et femmes âgés de 45 à 60 ans – dans le but d’évaluer le niveau de consommation en polyphénols de chaque français[1]. Avec une dose journalière avoisinant les 1,2 g par personne de polyphénols, les Français sont ainsi de grands consommateurs de fruits et légumes, de thé, de café, mais également de vin. Cette observation est en adéquation avec le « French paradoxe » ; théorie établie dans les années 1980 selon laquelle, il y aurait une incidence relativement faible des maladies cardio-vasculaires chez les personnes vivant dans le sud de la France et les populations méditerranéennes. Au regard d’une alimentation riche en graisses saturées – souvent considérée comme un facteur de risque important des maladies cardiaques – cet effet préventif serait attribué à une consommation régulière et modérée de vin rouge riche en polyphénols.
Si les aliments sont si riches en polyphénols, pourquoi avoir recours à des nutraceutiques ?
Même si l’alimentation apporte naturellement beaucoup de phytonutriments très variés, les apports en polyphénols dans l’alimentation générale restent quantitativement relativement faibles. Or, la plupart des études qui mettent en avant les bénéfices santé des polyphénols se basent sur des apports assez élevés, difficiles à obtenir au travers de la seule alimentation quotidienne.
Les compléments nutraceutiques permettent évidemment d’augmenter la densité micro-nutritionnelle de l’alimentation, grâce aux technologies d’extraction et de purification parfois très poussées. De plus, les formes nutraceutiques permettent souvent une absorption accrue.
Le cas de la curcumine
L’exemple le plus concret et le plus évident est celui du curcuma : la poudre de Curcuma longa ne contient qu’une faible concentration en curcumine (1%), qui ne bénéficie que d’une absorption très limitée. Le recours à des formes nutraceutiques de dernière génération permet d’augmenter de façon considérable l’assimilation de la curcumine. Une simple gélule de CurcumActif® 2 – 500 mg permet ainsi d’obtenir un bénéfice équivalent à une dizaine de cuillères à soupe de poudre de Curcuma longa. L’intérêt pratique est évident, car personne ne serait en mesure d’incorporer de telles quantités de poudre de curcuma dans son alimentation !
Autre exemple concret : celui des polyphénols de grenade
Le polyphénol caractéristique de la grenade est la punicalagine, une molécule complexe et relativement instable, qui se dégrade assez rapidement lorsqu’elle est exposée à l’oxygène. Même les fruits fraîchement cueillis s’oxydent assez rapidement, et leur teneur en punicalagine diminue assez rapidement au fil du temps.
Ainsi, on estime que les jus de grenade, qui bénéficient pourtant d’une grande popularité, ne contiennent quasiment plus de punicalagine, mais uniquement un métabolite issu de la dégradation de cette dernière : l’acide ellagique, de moindre intérêt nutritionnel.
Par conséquent, si vous souhaitez profiter de toutes les vertus de la grenade pour votre santé, il vous faut donc consommer des grenades particulièrement fraîches, et en consommer également les graines et l’écorce, qui sont particulièrement riches en tannins, mais à vrai dire, assez coriaces et amères…! Pas si facile que ça, évidemment !
L’alternative raisonnable pour un apport régulier en polyphénols de grenade consiste à utiliser de manière régulière un produit tel que GranaPur®, (complément alimentaire BIO, de la gamme Nutrixeal), qui fournit un apport en polyphénols de grenade extrêmement conséquent et efficace. En effet, chaque gélule de GranaPur® vous apporte autant de polyphénols caractéristiques de la grenade (en particulier la punicalagine) que le contenu en polyphénols d’environ 1kg de fruits frais (soit plus de 6 grenades fraîches de taille moyenne) !
Les polyphénols d’oignon
Pour bien comprendre l’intérêt des nutraceutiques pour leurs apports en polyphénols, prenons enfin un dernier exemple concret, celui d’un excellent aliment santé que vous connaissez tous : l’oignon rouge.
Les pelures d’oignon rouge contiennent une grande quantité de polyphénols (et en particulier de la quercétine glycosylée).
On estime ainsi que les pelures d’oignon rouge cru (plus riches en polyphénols que le cœur de l’oignon) pourraient apporter de l’ordre de 140 mg de polyphénols pour 100 g, une teneur très élevée, bien supérieure à la moyenne des autres légumes.
Ainsi, 400 g de pelures d’oignon rouge cru apportent près de 500 mg de polyphénols d’oignon, dont une bonne part de quercétine un polyphénol dont nous avons déjà abondamment parlé dans différents dossiers récents.
Il s’agit d’une valeur conséquente, dont on peut espérer de véritables bénéfices pour la santé… Mais qui parmi nous serait prêt à consommer quotidiennement plusieurs portions de 400 g de pelures d’oignon cru ? Un peu rébarbatif, non ?
L’alternative raisonnable consiste évidemment à consommer plutôt un produit concentré de la gamme Nutrixeal comme Quercétine et autres polyphénols synergiques, qui contient un extrait concentré en polyphénols d’oignon, et dont chaque gélule fournit un apport en polyphénols équivalent à environ 400 g de pelures d’oignon rouge (dont 210 mg de quercétine anhydre) !
N.B. l’utilisation d’un nutraceutique aussi concentré n’empêche évidemment pas d’intégrer l’oignon à sa juste place dans vos préparations culinaires, pour allier avec panache nutrition-santé et gastronomie !
L’utilisation de nutraceutiques concentrés en polyphénols est donc une solution intéressante pour apporter à l’organisme toutes ces molécules naturelles aux bienfaits indéniables sur notre santé, de manière plus dense et plus régulière.
Le laboratoire Nutrixeal propose ainsi une très large gamme de compléments nutritionnels de qualité « premium », fortement concentrés en polyphénols de grand intérêt physiologique.
Quels rôles jouent les polyphénols sur la santé humaine ? Deux études surprenantes, qui raviront les gourmands…
Les polyphénols constituent l’une des plus grandes familles de molécules chimiques d’origine végétale, regroupant des milliers de composés naturels. Présents dans toutes les parties des plantes, des racines jusqu’aux fruits, ils sont issus du métabolisme secondaire des plantes, ce qui implique qu’ils ne sont pas strictement indispensables à la vie du végétal. Ils jouent cependant un rôle majeur dans la survie et l’adaptation des plantes à leur environnement.
Ils sont en effet souvent synthétisés par la plante en réponse aux différentes agressions de son environnement. Ils jouent alors un rôle défensif face aux attaques de nature biotique (microorganismes pathogènes, insectes ravageurs, prédateurs) ou abiotiques (pluie, grêle, gel). Ils font partie des défenses chimiques constitutives (défense passive) et sont à ce titre bien souvent fabriqués continuellement par la plante, même en l’absence de pathogènes.
Ces composés qui contribuent à protéger les végétaux des conditions défavorables et du stress environnemental, constituent en quelque sorte le système « immunitaire » des plantes. On comprend ici tout l’intérêt de cet arsenal de défense des plantes pour nos propres défenses, notamment face aux attaques bactériennes ou fongiques.
Les polyphénols sont également à l’origine des fonctions gustatives et visuelles des végétaux : certains participent à l’amertume des fruits (pamplemousse), d’autres à leur astringence (peau et pépins de raisin), et nombre d’entre eux sont responsables des couleurs attrayantes des fruits et légumes (rouge, violet…).
Ces dernières années, les polyphénols ont été associés à de nombreux bénéfices santé. On leur attribue notamment de potentiels effets préventifs contre certaines formes de cancers, et dans les maladies cardio-vasculaires, inflammatoires et neurodégénératives. Des centaines d’études épidémiologiques ont d’ores et déjà été réalisées afin d’étudier l’incidence de la prise quotidienne de certains fruits et légumes sur des pathologies.
Voici deux études surprenantes relatant les bienfaits d’une alimentation riche en fruits et légumes et d’un apport quotidien en chocolat vis-à-vis des maladies cardiovasculaires[2], [3]. Avis aux gourmands… il est permis et même recommandé de se faire plaisir !
Comment classe-t-on les polyphénols et quels sont leurs points communs ?
Qu’est-ce qu’un polyphénol ?
Les polyphénols ont tous un point commun : ils sont constitués d’un élément structural de base qui est un noyau phénolique (phénol) à 6 carbones, en d’autres termes, un cycle benzénique portant au moins une fonction alcool.
Comme leur nom l’indique, les polyphénols sont caractérisés par la présence d’au moins deux groupes phénoliques associés en structures plus ou moins complexes.
Comment classe-t-on les milliers de polyphénols constituant le monde végétal ?
Les polyphénols sont communément divisés en deux classes principales, les flavonoïdes et les non-flavonoïdes, elles-mêmes sous divisées en différentes classes.
Les flavonoïdes, molécules les plus abondantes parmi les polyphénols, sont principalement responsables de la couleur (jaune, rouge, bleu, violet) des fleurs, des fruits et des légumes. Ils partagent tous une même structure de base formée par deux cycles benzéniques reliés par trois atomes de carbone (C6-C3-C6), chaîne souvent fermée sous la forme d’un cycle appelé hétérocycle oxygéné car porteur d’un atome d’oxygène.
La nature et la substitution de cet hétérocycle permet de classer les flavonoïdes selon six groupes :
Les non-flavonoïdes correspondent à tous les polyphénols non reconnus comme flavonoïde strict. Selon leur structure de base plus ou moins complexe, ils sont classés en cinq groupes :
Sous quelles formes les polyphénols sont-ils assimilés ?
Depuis que de nombreuses études épidémiologiques ont indiqué qu’une consommation en polyphénols était inversement associée avec l’incidence de nombreuses pathologies (cancers aéro-digestifs, maladies cardio-vasculaires, maladies oculaires dégénératives…), les recherches sur l’étude de leur biodisponibilité se sont considérablement renforcées. Au vue de leur diversité chimique, il est pour l’heure extrêmement difficile d’étudier avec certitude les effets bénéfiques des polyphénols dans les organes cibles. De nombreuses hypothèses sont cependant communément admises sur les voies métaboliques d’absorption ainsi que sur les facteurs qui affectent l’absorption de ces phytonutriments.
Pour être biodisponible, un phytonutriment doit tout d’abord être extrait de la matrice alimentaire (aliments) dans laquelle il a été consommé. Les cellules de l’intestin absorbent en effet des molécules et non des morceaux d’aliments. Après une absorption au niveau du tractus digestif, le phytonutriment peut ainsi être transporté jusqu’à son tissu cible. De leur ingestion jusqu’à leur cible, les nutriments subissent de nombreuses transformations afin de faciliter leur absorption et leur élimination. L’étape clé et limitante d’une bonne biodisponibilité reste avant tout l’absorption intestinale.
Etudier le parcours d’un polyphénol de l’assiette jusqu’aux organes, permet de mieux comprendre tous ces phénomènes d’absorption et de biodisponibilité.
De notre bouche à nos organes : le long parcours d’absorption des polyphénols vu en détail
L’un des principaux facteurs influençant la biodisponibilité d’un phytonutriment est sa structure chimique. Dans les aliments, la plupart des polyphénols existent sous forme glycosylée (polyphénol relié à un sucre) ou sous forme de polymères. Les polyphénols sous forme aglycone (sans substitution de sucre) sont, quant à eux, très faiblement représentées dans le monde végétal.
Dans leurs formes natives, les polyphénols n’ont pas la capacité de franchir le tractus digestif. Avant de pouvoir être absorbés, ils vont donc subir des phénomènes d’hydrolyse (rupture de liaison) par les enzymes intestinales ou par le microbiote intestinal (bactéries, virus, parasites, champignons non pathogènes qui sont localisés dans l’intestin grêle et le côlon).*
* Exception avec les anthocyanidines dont les formes glycosylées peuvent être absorbées et détectées dans la circulation sanguine[4]. L’instabilité de la forme aglycone serait une des hypothèses avancées par les scientifiques.
LA STRUCTURE CHIMIQUE ET LA NATURE DU SUCRE DE LA FORME GLYCOSYLÉE DÉTERMINENT AINSI LE TAUX ET LE DEGRÉ D’ABSORPTION INTESTINALE D’UN POLYPHÉNOL.
Extraction des polyphénols de la matrice alimentaire
La première étape dans la digestion et l’absorption des polyphénols est leur extraction de la matrice végétale. Après la mastication, l’extraction se poursuit dans l’estomac via les sucs digestifs mais également dans le duodénum (première partie de l’intestin grêle) sous l’action des sécrétions biliaires et pancréatiques.
Une fois ces étapes d’extraction abouties, plusieurs processus métaboliques vont être mis en place afin de favoriser l’absorption des polyphénols.
La nature chimique des polyphénols conditionne fortement leur pouvoir d’absorption au sein du tractus gastro-intestinal, si bien que les polyphénols pourront être absorbés soit au niveau de l’intestin grêle soit au niveau du côlon.
Une grande variabilité des mécanismes et des sites d’absorption est ainsi observée selon que les polyphénols sont sous forme :
Digestion des polyphénols dans l’estomac
Une fois extraits de leur matrice, certains polyphénols peuvent subir des modifications précoces au sein de l’estomac. C’est notamment le cas des oligomères et polymères de polyphénols (polyphénols complexes) qui sont hydrolysés afin de libérer les unités monomériques.
Les formes aglycones ou glycosylés transitent quant à elles directement dans l’intestin grêle puis le côlon.
De façon générale, les formes aglycones et non estérifiées, principalement retrouvées au sein des compléments alimentaires, sont absorbées au niveau de l’intestin grêle ; alors que les polyphénols glycosylés, estérifiés ou polymérisés seront hydrolysés et absorbés au niveau du côlon.
Absorption des polyphénols dans l’intestin grêle
Dans l’intestin grêle, les polyphénols glycosylés vont subir des hydrolyses enzymatiques dans le but de cliver le sucre et ainsi libérer la forme aglycone. Il est communément admis qu’il existe deux mécanismes possibles d’absorption des glycosides au niveau de l’intestin grêle :
Tous les polyphénols résistants à l’action de ces deux enzymes ne seront pas absorbés au niveau de l’intestin grêle et transiteront jusqu’au côlon.
Dans les entérocytes de l’intestin grêle, certaines aglycones pourront subir des réactions de biotransformation (méthylation, glucuronidation et sulfatation) via des enzymes de conjugaison. Les polyphénols néoformés seront dits « conjugués ». Ce métabolisme de « détoxification » a pour but de faciliter la diffusion et / ou l’élimination des polyphénols en diminuant leur hydrophobicité.
Absorption des polyphénols dans le côlon
Tous les polyphénols non métabolisés dans l’intestin grêle, à savoir les glycosides résistants et les formes complexes (polyphénols estérifiés ou polymérisés) vont, à leur tour, être hydrolysés au niveau du côlon par des bactéries appartenant au microbiote intestinal (action de déméthylation et d’hydrolyse des liaisons ester et glycosidiques).
Biotransformation hépatique des polyphénols
Une fois hydrolysés dans le tractus gastro-intestinal et entrés dans les entérocytes, les polyphénols aglycones sont transportés, via la veine porte, jusqu’au foie, organe siège du métabolisme de détoxification. Les réactions de conjugaison (méthylation, glucuronidation et sulfatation) conduisant à des polyphénols conjugués beaucoup plus hydrosolubles, facilitent :
Élimination des polyphénols de l’organisme
Tous les polyphénols non métabolisés dans la lumière intestinale seront excrétés tel quel via les fèces. Une partie des polyphénols conjugués seront également éliminés via l’urine à la sortie du foie.
Vous l’aurez compris, lors de leur métabolisation, les polyphénols sont largement modifiés, non seulement dans l’intestin grêle et le côlon, mais également dans le foie, où se produit la majeure partie de la conjugaison. Par conséquent, un polyphénol unique génère une grande variété de métabolites, jusqu’à 20 dans le cas des glycosides de quercétine, bien que deux ou trois dominent généralement[6].
Bon à savoir
Pourquoi la quercétine d’oignons n’a-t-elle pas la même biodisponibilité que la quercétine de pommes ou de thé ?
C’est tout simple… la nature du sucre présent sur la quercétine glycosylée conditionne son lieu et son pouvoir d’absorption. La quercétine d’oignons est une forme glucosylée (substitution par un sucre de type glucose) alors que celles de la pomme et du thé sont respectivement des glycosides formés de divers sucres et des rhamnoglucosides (appelés rutine, c’est une quercétine substituée par un glucose et un rhamnose)[7]. Les formes glucosylées ont le pouvoir d’être absorbées au niveau de l’intestin grêle ; les autres formes transitent jusqu’au côlon où elles seront hydrolysées par des bactéries du microbiote. La surface d’échange et la densité des systèmes de transports intestinaux étant plus faibles au niveau du côlon par rapport à l’intestin grêle, on observe une absorption moins efficace et moins rapide des glycosides par rapport aux glucosides. Alors pour renforcer votre immunité, privilégiez les oignons !
Les polyphénols complexes ont-ils un réel « bénéfice santé » vu leur difficulté d’absorption ?
Les proanthocyanidines, hautement représentées dans le vin et le cacao, sont des formes polymérisées de polyphénols. Dans la mesure où seuls les monomères peuvent être absorbés, leur absorption est fortement limitée conduisant ainsi à une faible biodisponibilité. De ce fait, il semblerait que leur potentialité biologique soit essentiellement exprimée au niveau du tractus gastro-intestinal.
Cuisson, quantité, matrice alimentaire… quels sont les facteurs qui peuvent affecter l’absorption des polyphénols ?
Cuisson, matrice alimentaire, mais également sexe et âge du consommateur… il existe de nombreux facteurs susceptibles d’affecter directement la biodisponibilité et la teneur en polyphénols des aliments ; si bien que l’absorption des polyphénols est très disparate.
De nombreuses recherches ont permis d’identifier les éléments pouvant influencer de façon positive ou négative l’assimilation des polyphénols (voir le tableau ci-après). Et contrairement à ce que l’on pourrait penser de prime abord, les traitements chimiques et thermiques lors de la cuisson des aliments peuvent dans certains cas entraîner une amélioration de la biodisponibilité de certains phytonutriments.
Difficile de s’y retrouver ! Devant la multiplicité de tous ces facteurs potentiels qui peuvent affecter l’absorption des polyphénols, des chercheurs hollandais (West et Castenmiller, 1998) ont proposé un acronyme, « SLAMENGHI », pour se remémorer ces principaux facteurs. Chaque lettre représente un facteur.
Compte tenu des nombreux facteurs identifiés et de la multitude d’études qui leur sont dédiées, nous accorderons un prochain article à ce sujet passionnant. Cependant si votre curiosité ne peut attendre, nous vous invitons à lire l’article de Massimo d’Archivio et al. qui présente une revue non exhaustive de l’impact de ces différents facteurs sur la biodisponibilité des polyphénols[8].
Nous espérons que les polyphénols n’ont désormais plus aucun secret pour vous. Apports nutritionnels, structures chimiques, classification, bénéfices santé, biodisponibilité… notre équipe scientifique a essayé de vous apporter un large éventail d’informations sur cette grande famille de phytonutriments. Il est cependant extrêmement difficile de faire une revue exhaustive sur ces super-nutriments, n’hésitez donc pas à nous faire part de vos interrogations.
Et sachez que les polyphénols sont loin d’avoir révélé tous leurs secrets !
Teneurs en polyphénols des produits Nutrixeal qui contiennent des polyphénols
Extrait d’oignons standardisé à 40 % de quercétine (dosage HPLC) et à 70 % de flavonoïdes totaux (dosage UV).
Extrait concentré en poudre de pépins de pamplemousse standardisé à plus de 45% de flavonoïdes (300 mg).
Extrait d’orange douce ≥ 45% de flavonoïdes (citroflavonoïdes).
Extrait d’orange douce ≥ 45% de flavonoïdes (citroflavonoïdes).
Extrait de pépins de raisins (Vitis vinifera) standardisé à 95% d’OPC (200 mg).
Pycnogenol® (extrait de l’écorce du pin maritime des Landes), standardisé à plus de 65% d’OPC (50 ou 100 mg) + Extrait de pépins de raisins (200 mg).
Extrait de pépins de raisins (Vitis vinifera) standardisé à 95% d’OPC (420 mg).
Extrait de pépins de raisins (Vitis vinifera) standardisé à 95% d’OPC (40 mg).
Extrait de pépins de raisins (Vitis vinifera) standardisé à 95% d’OPC (20 ou 100 mg).
Extrait de Polygonum cuspidatum (100 ou 300 mg).
Extrait de Polygonum cuspidatum (100 ou 300 mg).
Extrait concentré et standardisé de myrtilles à 36% d’anthocyanes.
Extrait concentré et standardisé de myrtilles à 36% d’anthocyanes.
Extrait de myrtilles standardisé à 36% d’anthocyanes.
Extrait de Curcuma longa standardisé à 95% de curcuminoïdes (250 ou 500 mg) + turmérone.
Extrait concentré de Grenade BIO standardisé à 54% de polyphénols et 32% de punicalagine (216 mg/g de polyphénols dont 128 mg/g de punicalagine).
Extrait 100% algues (95% Ascophyllum nodosum, 5% Fucus vesiculosus) de l’île d’Ouessant concentré en Phlorotanins (> 10%).
Extrait de café vert standardisé à ≥ 45% d’acide chlorogénique.
Extrait de thé vert standardisé à 50% de polyphénols.
Extrait aqueux de thé vert BIO standardisé à 80% de polyphénols.
Extrait de pépins de pamplemousse standardisé à 45% de flavonoïdes (45 mg).
Extrait de pépins de pamplemousse standardisé à 45% de flavonoïdes (45 mg).
Références
[1] J. Pérez-Jiménez, L. Fezeu, M. Touvier, N. Arnault, C. Manach, S. Hercberg, P. Galan, A. Scalbert. Am. J. Clin. Nutr. 2011, 93, 1220-1228. doi : 10.3945/ajcn.110.007096.
[2] K. J. Joshipura, F. B. Frank, J. E. Manson, M. J. Stampfer, E. B. Rimm, F. E. Speizer, G. Colditz, A. Ascherio, B. Rosner, D. Spiegelman, W. C. Willett. Ann. Intern. Med. 2001, 134, 1106-1114. doi : 10.7326/0003-4819-134-12-200106190-00010
[3] B. Buisse, C. Weikert, D. Drogan, M. Bergmann, H. Boeing. Heart. J. 2010, 31, 1616-1623. doi : 10.1093/eurheartj/ehq068
[4] T. Nurmi, J. Mursu, M. Heinonen, A. Nurmi, R. Hiltunen, S. Voutilainen. J. Agric. Food Chem. 2009, 57, 2274-2281. doi : 10.1021/jf8035116
[5] A. J. Day, F. J. Canada, J. C. Diaz, P. A. Kroon, R. McLauchlan, C. B. Faulds, G. W. Plumb, M. R. Morgan, G. Williamson. FEBS Lett. 2000, 468, 166-170. doi : 10.1016/s0014-5793(00)01211-4
[6] W. Mullen, C. A. Edwards, A. Crozier. Br. J. Nutr. 2006, 96, 107-116. doi : 10.1079/bjn20061809
[7] P. C. Hollman, M. N. Bijsman, Y. van Gameren, E. P. Cnossen, J. H. de Vries, M. B. Katan. Free Radical Research 1999, 31, 569-573. doi : 10.1080/10715769900301141
[8] M. D’Archivio, C. Filesi, R. Varì, B. Scazzocchio, R. Masella. Int. J. Mol. Sci. 2010, 11, 1321-1342. doi : 10.3390/ijms11041321