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Inuline

L’inuline est une fibre alimentaire soluble très largement représentée dans le monde végétal. Lorsqu’elle est consommée via l’alimentation par exemple, l’inuline n’est pas digérée par les enzymes du système digestif : elle atteint de façon intacte le côlon où elle est métabolisée par le microbiote intestinal. Ainsi, elle stimule la croissance des bactéries commensales de l’intestin au détriment des bactéries pathogènes. Au-delà de ce caractère « prébiotique », l’inuline favorise le transit intestinal notamment chez les personnes sujettes à la constipation. 

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L’inuline, un moyen de stockage efficace pour de nombreuses plantes

Tout comme l’amidon dans la pomme de terre, l’inuline est généralement utilisée par les plantes comme moyen de stockage énergétique, ce qui explique son abondance dans le monde végétal. Elle est donc particulièrement présente au niveau des organes de stockage des plantes, tels que les racines et les rhizomes. On retrouve l’inuline dans un large éventail d’herbes, de fruits et de légumes dont notamment les oignons, l’ail, le blé, les asperges, l’agave, la chicorée, le pissenlit ou les topinambours. Certaines bactéries et champignons sont également capables de produire de l’inuline.

Teneur en inuline dans diverses sources végétales[4]

À NOTER

Pour utiliser ses réserves d’inuline, la plante possède des enzymes spécifiques appelées inulinases capables de couper les liaisons glycosidiques de l’inuline pour libérer les unités de fructose ainsi que l’unité de glucose présente en bout de chaîne. Les sucres ainsi libérés sont ensuite digérés pour produire de l’énergie.

L’inuline, une fibre alimentaire soluble mais non digestible

À la différence de l’amidon qui est généralement hydrolysé par les enzymes digestives, et cela dès son entrée dans la bouche grâce à l’action des amylases (des enzymes présentes dans la salive), l’inuline n’est absolument pas digérée par les enzymes qu’elles soient gastriques ou intestinales. La grande majorité de l’inuline ingérée se retrouve donc intacte dans le côlon où elle est fermentée par les bactéries coliques colonisant le gros intestin. Ces bactéries sont essentiellement des bactéries lactiques (bifidobactéries et lactobacilles). Elles utilisent l’inuline en tant que substrat énergétique pour produire de l’acide lactique et des acides gras à chaîne moyenne (AGCC), tels que l’acétate, le propionate et le butyrate. Ce dernier serait, dans le cas de la fermentation de l’inuline, l’AGCC le plus représenté.

Pour rappel, les AGCC sont une source importante d’énergie pour les cellules intestinales et contribuent ainsi à maintenir un fonctionnement optimal de l’épithélium intestinal dont notamment sa perméabilité.

BON À SAVOIR

Compte tenu de son devenir dans le tractus digestif, l’inuline est souvent considérée comme un « aliment colique » c’est-à-dire un aliment entrant intact dans le côlon pour servir de substrat aux bactéries endogènes. Ces aliments fournissent ainsi indirectement à l’organisme de l’énergie, des substrats métaboliques et des micronutriments essentiels.

Inuline et FOS, quelles différences ?

Chimiquement parlant, l’inuline et les FOS sont tous deux des polysaccharides appartenant à la classe des fructanes.

Les fructanes sont des structures linéaires dans lesquelles des molécules de fructose sont mises bout à bout et maintenues ensemble sous forme de chaînes grâce à des liaisons glycosidiques. De façon générale, ils portent également un résidu de glucose au bout de leur chaîne. Les fructanes peuvent comporter de 3 à 30 molécules de fructose.

Structure chimique des fructanes.

Selon la longueur de la chaîne, on distingue deux grands types de fructanes :

Les inulines qui comportent plus de 10 molécules de fructose.

Les FOS ou Fructo-OligoSaccharides qui comportent moins de 10 molécules de fructose. De façon plus générale, les FOS sont des inulines partiellement hydrolysées.

L’inuline, une fibre rapide métabolisée par le microbiote intestinal

La fermentation et la digestion de l’inuline par les bactéries coliques mènent, en plus de la production de substrats énergétiques, à la libération de gaz (dioxyde de carbone, hydrogène et/ou méthane). Compte tenu de la structure très linéaire de l’inuline, son hydrolyse par les bactéries est relativement rapide ce qui conduit très vite à l’apparition de désagréments intestinaux (ballonnements, flatulences…) notamment chez les personnes sujettes à des troubles intestinaux ou peu habituées à la consommation d’aliments riches en inuline. Pour ces raisons, l’utilisation d’inuline est parfois controversée malgré les nombreux avantages santé qu’elle peut procurer.

Cette vitesse d’hydrolyse particulièrement élevée limite considérablement la tolérance intestinale des aliments riches en inuline. Cela explique par exemple que beaucoup de personnes rencontrent des difficultés à digérer correctement certains aliments de la famille des Alliacées (ail, oignon, poireau…). Les FOS étant de « petites inulines », ils ont les mêmes inconvénients digestifs que les inulines.

Fort heureusement toutes les fibres ne sont pas responsables de tels désagréments. Les fibres d’acacia notamment ont une structure chimique tellement complexe et ramifiée que leur digestion par les bactéries est particulièrement lente, ce qui limite fortement l’apparition d’une grande quantité de gaz intestinaux.

ZOOM SUR LES FIBRES D’ACACIA

Les fibres d’acacia sont particulièrement connues dans le monde des nutraceutiques pour leur haute tolérance intestinale. Les fibres d’acacia sont des polysaccharides extrêmement complexes, composés essentiellement de galactose, d’arabinose, de rhamnose et d’acide glucuronique. Ces glucides ont la particularité de s’organiser selon des structures extrêmement ramifiées ce qui conduit à une métabolisation lente par les bactéries intestinales. Il faudrait 6 fois plus de temps au microbiote intestinal pour digérer les fibres d’acacia par rapport à d’autres fibres non digestibles telles que les FOS. Cette digestion beaucoup plus lente et douce évite de ce fait les phénomènes de ballonnements ou de flatulences observés dans le cas d’une métabolisation trop rapide.

Pour en savoir plus, consultez la fiche sur les fibres d’acacia.

Une action bénéfique indéniable sur la sphère digestive[1–3]

De nombreuses études ont démontré le caractère « prébiotique » de l’inuline et son impact positif sur le nombre de certaines bactéries du côlon, notamment les bifidobactéries et les lactobacilles. En stimulant leur croissance et leur activité métabolique, renforçant ainsi le microbiote intestinal, l’inuline favorise donc la santé digestive. 

En tant que fibre alimentaire soluble, l’inuline stimule également le transit intestinal. Les fibres alimentaires sont effectivement connues depuis de nombreuses années pour augmenter la fréquence et la consistance des selles, notamment en cas de constipation. Dans le cas de l’inuline, le poids des selles est augmenté de 2 g par gramme d’inuline ingéré. Ainsi, chez les patients ayant participé à l’étude et dont la fréquence initiale des selles était réduite, on a observé une amélioration du transit à la suite de la prise d’inuline.

Enfin, l’inuline est fermentée par le microbiote intestinal pour être transformée en acides gras à chaîne courte (AGCC). Ces AGCC constituent une source d’énergie importante pour les cellules intestinales.

LE SAVIEZ-VOUS ?

Compte tenu des spécificités de sa métabolisation, l’inuline s’est avérée être un excellent candidat pour l’industrie pharmaceutique en tant que vecteur biodégradable ciblant le côlon. Différents hydrogels d’inuline ont ainsi été conçus et étudiés pour servir de support à l’administration de médicaments pour le côlon.

Production industrielle de l’inuline

L’inuline est généralement obtenue par extraction des racines de plantes riches en inuline. Les tubercules de chicorée et de topinambour représentent ainsi actuellement les principales sources pour la production industrielle d’inuline.

Ce sont les racines des plantes, parties les plus riches en inuline, qui sont utilisées pour son extraction. Après récolte, les racines sont coupées en tranches, lavées puis subissent une extraction aqueuse à chaud (par de la vapeur d’eau) pour obtenir un extrait liquide enrichi en l’inuline. Le jus obtenu est ensuite purifié via divers processus puis séché pour obtenir l’inuline.

Inuline et nutraceutique

Malgré l’abondante littérature scientifique sur l’inuline et ses bénéfices santé, seule une allégation santé est pour l’heure autorisée par la Commission Européenne (EFSA) en ce qui concerne cet actif :

L’inuline de chicorée contribue à une fonction intestinale normale en accroissant la fréquence des selles.

Références

[1] Fernández-Bañares, F. Nutritional Care of the Patient with Constipation. Best Pract. Res. Clin. Gastroenterol. 2006, 20 (3), 575–587.

[2] Kishan, C. S.; A. R., A.; Sahoo, S.; Kulkarni, P. K. A comprehensive review on pharmaceutical and nutritional applications of inulin. Int. J. Appl. Pharm. 2021, 30–38.

[3] Bosscher, D.; Loo, J. V.; Franck, A. Inulin and Oligofructose as Prebiotics in the Prevention of Intestinal Infections and Diseases. Nutr. Res. Rev. 2006, 19 (2), 216–226.

[4] Sousa, V. M. C. de; Santos, E. F. dos; Sgarbieri, V. C. The Importance of Prebiotics in Functional Foods and Clinical Practice. Food Nutr. Sci. 2011, 02 (02), 133–144.

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